Combien de temps pour écrire un roman ?

Publié le 13 Octobre 2017

Combien de temps pour écrire un roman?

 

J’ai parfois l’impression de ne pas parvenir à « lâcher » mon manuscrit. Je le relis, le corrige, le relis encore, recorrige, réécris, m’aperçois que l’angle d’attaque pourrait être envisagé d’une manière plus intéressante, que l’histoire n’entraîne pas suffisamment le lecteur et puis, au détour d’une conversation anodine avec des amis, on me dit : « Ah bon, mais tu ne l’avais pas terminé celui-là ? » . Beh oui, en fait, je l’avais fini, rangé et même un peu oublié et quand je l’ai ressorti avec un œil presque neuf pour l’ultime relecture, il m’est apparu comme une évidence que je devais le retoucher à tel point que de 60.000 mots, il a gonflé à 80.000...

Du coup, j’ai dû faire un effort pour me souvenir depuis quand exactement je l’avais commencé et j’ai été prise d’un vertige: est-ce que j’étais trop lente ? Est-ce que j’avais laissé filé le temps sans m’en apercevoir ? Est-ce que j’étais restée bloquée sur un écrit alors que le monde continuait d’avancer sans moi ?

J’ai ensuite réalisé que pour mes deux autres romans, j’avais suivi à peu près le même rythme : un an pour écrire la première mouture, et une autre année pour l’améliorer. Je me suis alors souvenue d’une mauvaise critique reçue sur la plateforme de vente Amazon, vous savez, ce genre de mauvais commentaire bien méchant écrit par quelqu’un qui apparemment vous en veut terriblement : cette personne avait pris soin de lire un article me concernant où j’expliquais que j’avais mis un an à réécrire L’élément 119 et que ce temps de relecture/réécriture aurait dû, selon lui, « m’alerter » de mon inefficacité….. Il considérait que si le roman n’avait pas été bon tout de suite, l’auteure ne valait pas un clou…

Évidemment, en tant qu’auteure hypersensible qui doute en permanence de tout, je me suis demandée si, en définitive, il n’avait pas un peu raison : est-ce qu’un véritable auteur devait être capable de pondre un bon roman en un an ?

C’est alors qu’au détour de la rentrée littéraire, je tombe sur le livre de Nathan Hill (Les fantômes du vieux pays) et j’apprends qu’il a mis 10 ans à écrire ce premier roman. Ça a claqué dans ma tête : « ah ! Vous voyez bien, y’en a même qui mette 10 ans ! » C’est peut-être idiot et irrationnel, mais j’ai ressenti un immense soulagement en apprenant cette information, comme une bouffée d’espoir mêlée à une grande gratitude envers cet auteur qui ne s’était pas soucié du temps passé à écrire un seul roman. Rien n’était perdu ! Je finirais bien par le terminer, ce manuscrit !

Quelques jours après, j’assiste à un festival où la romancière russe Yana Vagner présente son dernier livre « Hôtel » et elle nous dit avoir mis 4 ans pour l’écrire. J’ai failli sauter de mon siège pour aller l’embrasser, d’autant plus qu’elle est très sympathique et souriante. Il n’y a donc pas que des super bêtes d’écriture qui pondent des Best-sellers tous les 12 mois  parmi les écrivains publiés !

Cette fois, j’étais définitivement convaincu : le temps n’avait aucune importance ! Un texte mérite d’être travaillé, bichonné, vu et revu, même si c’est un thriller, un roman policier ou autre production qui ne sera pas élevée au rang de la grande littérature, qui ne sera peut-être jamais publiée, peut importe, l’essentiel est de s’appliquer et d’aller au bout du manuscrit, car il n’y a rien de pire qu’une sensation d’inachevée.

Très bonne journée à tous et à bientôt pour un autre billet d’humeur.

Rédigé par Cara Vitto

Publié dans #Écrire et publier, #Humeur

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